L’assurance maladie souffre d’un déficit chronique depuis plus de vingt-cinq ans. Aucun des innombrables plans de redressement n’a affronté le problème fondamental d’une assurance maladie duale, où la sécurité sociale et les organismes complémentaires se partagent la couverture des mêmes soins. Une organisation qu’on ne retrouve pas chez nos grands partenaires européens.
Le premier effet de cet empilement est de dupliquer les coûts de gestion pour chaque feuille de soin : la sécurité sociale y consacre 7 milliards pour 139 milliards d’euros de remboursement et les organismes complémentaires 6 milliards pour 25 milliards de prestations. Deuxième effet plus grave : la régulation de la dépense est entravée du côté de la demande comme de l’offre de soins.
Du côté de la demande, dans la plupart des pays développés, les patients sont à la fois responsabilisés et protégés. Ils sont responsabilisés avec une participation à la dépense qui prend souvent la forme d’une franchise annuelle et d’un copaiement, notamment sur les soins de ville. Ils sont également protégés par un plafonnement annuel des dépenses à leur charge. Pas en France : les complémentaires couvrent les tickets modérateurs et nombreuses sont celles qui couvrent les dépassements d’honoraires, contribuant à la hausse de la dépense et des prix. En même temps, les assurés ne sont pas protégés contre des dépenses excessives : pour les 1% les plus malades, les restes à charge représentent en moyenne 4 900 euros dans l’année, c