Tapis rouge pour l'économiste français Thomas Piketty. En tournée américaine à l'occasion du lancement outre-Atlantique du «Capital au XXIe siècle» (1), celui que certains dans la gauche américaine surnomment «the inequality guru» (le gourou des inégalités) a droit à tous les égards. A commencer par ceux, très officiels, de la Maison Blanche où il a été reçu par le secrétaire américain au Trésor Jacob Lew - à la demande de ce dernier - puis par des conseillers économiques du président Barack Obama.
Au cœur de leurs discussions, le creusement continu des inégalités dans les principales puissances économiques mondiales, en particulier aux Etats-Unis où elles atteignent aujourd’hui un niveau sans équivalent. Cette donnée fondamentale de la mondialisation, dont même le FMI et l’OCDE ont fini par s’alarmer - après l’avoir longtemps négligée -, est illustrée par un retour en force sans précédent d’un capitalisme patrimonial qui contribue à enrichir encore plus les riches et dont le détachement du reste de la population est devenu une menace pour la démocratie. Une thèse que Piketty n’a cessé de peaufiner depuis une dizaine d’années et qui a fini par s’imposer au cœur du débat politique américain.
«Obama utilise nos résultats»
En cette année électorale aux Etats-Unis, ce thème des inégalités est devenu très cher à l'administration démocrate, qui a le plus grand mal à les corriger et dont les réformes pourtant très mesurées (hausse modérée des impôts des plus riches, Obamacare dans le domaine d