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Libération

De l’oligarchie en Amérique

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Les chroniques de Thomas Pikettydossier
publié le 21 avril 2014 à 18h06

L’avenir de l’Amérique sera-t-il oligarchique et ploutocratique ? Une décision récente de la Cour suprême retirant toute limite au financement privé des campagnes politiques vient de relancer cette crainte. Les centaines de millions de dollars déversés par les frères Koch, milliardaires hyperrépublicains, pour les spots et les think tanks au service des candidats les plus droitiers sont devenues le symbole de l’argent tout puissant. Le spectre d’une dérive hyperinégalitaire et d’une capture croissante du processus politique par les «1%» agite comme jamais les débats outre-Atlantique.

Il y a quelques années, le mouvement Occupy Wall Street et ses étranges slogans («Nous sommes les 99%») avaient surpris l'Europe. Notre continent est plus préoccupé - en partie à raison - par la modernisation de son Etat social et les ratés de sa monnaie unique. Si Barack Obama a récemment expliqué que l'inégalité était «le principal défi de notre temps», c'est d'abord parce que la montée des inégalités a été infiniment plus massive aux Etats-Unis. Dans un premier temps, on a assisté à un envol sans précédent des rémunérations des supercadres. La concentration croissante des patrimoines est en passe de devenir le principal enjeu. La part détenue dans le capital national par les 1% les plus riches s'approche dangereusement des sommets observés dans l'Europe de l'Ancien Régime. Pour un pays qui s'est construit comme l'antithèse des sociétés patrimoniales européennes, le choc est rude.

La cr