Il paraît qu'il n'y a pas d'alternative. Que notre seul destin est de produire et de consommer toujours plus, pour faire tourner la «machine économie», tels des hamsters dans leur roue. Que notre seul salut réside dans la croissance à tout prix, l'ultralibéralisme, l'austérité. Quitte à scier la branche sur laquelle nous sommes assis (l'environnement) et à abandonner les plus faibles à leur triste sort. En ce début de siècle, toute la société est occupée par ce Tina (There is no alternative) thatchérien. Toute ? Non !
Car quelques irréductibles résistent encore et toujours à la pensée unique, réfléchissent à un autre projet de civilisation : la «décroissance». Ce slogan provocateur, illico caricaturé comme un gros mot synonyme de «retour à la bougie», n'est apparu que récemment dans le débat public. Pourtant, ses origines sont anciennes, riches, diversifiées. Voici ce qu'on découvre en lisant les huit titres de la collection «Les précurseurs de la décroissance», parus aux éditions Le passager clandestin depuis un an, sous la direction de l'«objecteur de croissance» Serge Latouche. Chaque volume d'une centaine de pages comporte d'abord un essai - parfois pointu - sur le précurseur en question, puis des extraits des textes de celui-ci. Pas de femmes, hélas. Mais sachez qu'Epicure («ou l'économie du bonheur»), Léon Tolstoï («contre le fantasme de toute-puissance») ou Jean Giono («pour une révolution à hauteur d'hommes») prônaient chac