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akim Ben Hammouda a laissé son poste de conseiller du président de la Banque africaine de développement pour devenir, fin janvier 2014, ministre des Finances de la Tunisie dans le gouvernement de Mehdi Jomaa, en visite hier et aujourd’hui en France. L’économiste néokeynésien évoque les difficultés financières de l’Etat, trois ans après la révolution.
Le gouvernement tunisien multiplie les signes d’inquiétude sur la dégradation des finances publiques…
Nous avons hérité d'une situation très difficile, qui s'explique par deux raisons. La première, c'est l'essoufflement du modèle de développement hérité de la dictature, fondé sur un contrat social autoritaire : les gens abandonnaient leur liberté et, en contrepartie, l'Etat leur assurait l'accès à un certain nombre de services sociaux. C'était aussi un modèle fondé sur des secteurs intensifs en travail, ce qui explique les difficultés pour les diplômés à trouver un emploi. Les entreprises de textile, en Tunisie, n'ont pas besoin d'ingénieurs, ou pas beaucoup. Seconde raison : après la révolution, une demande sociale, jusque-là réprimée, s'est exprimée de manière forte, il fallait y répondre. On a connu un accroissement des salaires, des recrutements dans la fonction publique et de la compensation, surtout dans l'énergie [l'Etat subventionne les prix des carburants, du gaz, de l'électricité et de plusieurs denrées, ndlr].
D’où une hausse beaucoup plus rapide des dépenses par rapport aux ressources ?
Oui. Les recettes propres ne représentent que deux tiers des dépenses. Du coup, le recours à l’endettement est très important depuis trois ans. La dette dépasse les 50% du PIB, ce qui reste gérable, et l