C'était comme la cabane de Charlie Chaplin dans la Ruée vers l'or : suspendue à une pente raide, un petit escalier de bois pour y accéder et trois planches en guise de toit. Une centaine de gendarmes l'ont démontée fin février sur décision de justice à la demande du conseil général (PS) du Tarn, propriétaire des lieux et maître d'ouvrage du barrage qui devrait noyer ce bout de la vallée du Tescou, en aval de Gaillac, vers le Tarn-et-Garonne voisin. Les gendarmes ont aussi dégagé le chapiteau de cirque jaune et bleu où s'abritait le collectif «Tant qu'il y aura des bouilles», occupant de la zone humide du Testet, des arpents de la forêt de Sivens.
«Dictature du profit». Une «bouille», dans le parler local, est un carré de campagne plus ou moins marécageux, des terres qui ne valent pas grand-chose. Que les militants n'entendent pas lâcher. Entre balades, ateliers, spectacles, ils organisaient encore fin avril le Printemps de Sivens, ponctué par une «convergence des marches» le long de la vallée du Tescou, où 400 personnes se sont pressées, malgré la pluie.
Ni bâti ni âme qui vive sur cette zone humide de 13 hectares qui pourrait disparaître sous le million et demi de mètres cubes d'eau de la retenue de Sivens, près de Lisle-sur-Tarn. «Personne d'humain en tout cas, corrige Sylvain, déménagé mais revenu sur les lieux. Mais il y a près d'un million d'