Le miracle n'a pas eu lieu, et les ministres européens des Finances se sont contentés, hier, à Bruxelles, d'un service minimum dans la lutte contre les excès de la finance. En chantier depuis plus de deux ans, la «taxe Tobin» européenne ne verra finalement le jour qu'en janvier 2016, avec un an de retard et sur un socle très réduit. «Nous nous sommes mis d'accord sur le fait que cela devait être une approche par étapes, en commençant par les actions et certains produits dérivés», a détaillé le ministre autrichien des Finances, Michael Spindelegger, au cours d'une réunion avec ses homologues des Vingt-Huit.
«Sabotage». Toutes les ONG qui militent de longue date pour la taxation des transactions financières exprimaient hier leur colère. Pour Oxfam France, il s'agit «d'un accord en trompe-l'œil et du pain bénit pour le secteur financier» : à deux semaines des élections européennes, «cette déclaration permet de fait beaucoup de bruit à peu de frais, les négociations sur les produits financiers les plus spéculatifs étant une nouvelle fois repoussées», commente Alexandre Naulot. Chez Attac, le ton est encore plus virulent : «Cette décision lamentable résulte du lobbying des banques françaises relayées complaisamment par Bercy et l'Elysée», dénonce l'économiste Dominique Plihon, qui parle d'un «sabotage» du projet par la France.
De fait, les banques françaises - bien plus engagées que les allemandes su