C'est une volée de bois vert que la Cour des comptes a administrée à Anne Lauvergeon. Dans un prérapport confidentiel, révélé par les Echos hier, les magistrats de la rue Cambon atomisent le bilan de l'ex-patronne du groupe nucléaire public Areva, remplacée en 2011 par son adjoint Luc Oursel, sur ordre de Nicolas Sarkozy (1).
La liste des griefs est longue. Il y a le chantier en Finlande du réacteur de troisième génération EPR, qui affiche sept ans de retard et 3,5 milliards d'euros de pertes. Les défis de la construction de ce premier exemplaire «auraient pu être mieux analysés en amont», tacle la cour, qui fustige la «faible anticipation du risque» d'Areva. D'autant que d'autres chantiers suédois et finlandais, de moindre importance, ont aussi connu retards et surcoûts. Le rapport dénonce les «manques dans les capacités d'ingénierie» d'Areva. Pour le numéro 1 mondial du nucléaire, ça fait tache.
Fuite en avant. Les magistrats financiers critiquent aussi la trop grande ambition de Lauvergeon, qui a multiplié les investissements sans en avoir les moyens. D'où une fuite en avant financière, qui a dégradé les comptes : la Cour des comptes constate que les trois quarts des investissements ont été financés par des cessions d'actifs et l'endettement.
La cour pointe la responsabilité personnelle de Lauvergeon, estimant que certaines «difficultés» du groupe «proviennent avant tout» de sa «f