Comment faire un bilan équitable de l’euro ? Le moyen le plus sûr est de comparer les promesses faites au moment de son adoption, il y a plus de dix ans, et ce qui s’est véritablement produit. L’euro, martelaient ses thuriféraires, assurerait une croissance forte ; or, la croissance de la zone euro a été parmi les plus faibles du monde, plus faible que celle des pays européens qui ont conservé leur monnaie nationale. L’euro, nous assurait-on, jouerait un rôle de catalyseur pour rapprocher les économies : or, celles-ci ont, au contraire, divergé, entre un Nord producteur et industriel, et un Sud consommateur et surendetté. L’euro, prophétisaient-ils encore, serait un bouclier efficace contre les crises financières et le déferlement de la spéculation. Las ! On eut la pire crise depuis soixante-dix ans. L’euro, affirmaient-ils enfin, péremptoires, permettrait de sauvegarder notre modèle social menacé par la mondialisation ; aujourd’hui, faute d’accepter de changer de paradigme, le gouvernement se trouve contraint de chercher un salut imaginaire dans la baisse indéfinie du coût du travail et des prestations sociales.
Bien sûr, toutes ces catastrophes ne sont pas uniquement attribuables à l’euro. Mais le gouffre béant entre la promesse dorée et les résultats affligeants démontre bien que, dans cette histoire, l’on a quitté depuis longtemps la terre ferme de la discussion rationnelle, pour aborder les rivages de l’idéologie, là où le réel et ses démentis n’ont plus cours.
Les argume