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Analyse

Croissance nulle et moral à zéro

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Le mauvais premier trimestre 2014 contredit l’idée de «retournement» avancée par Hollande.
Le mauvais résultat de la croissance au premier trimestre s'explique notamment par la baisse de la consommation. (Photo Philippe Desmazes. AFP)
publié le 15 mai 2014 à 20h06

Voilà une déclaration qui risque de provoquer critiques, risées et autres mauvaises plaisanteries. C'était hier matin, au micro d'Europe 1. Michel Sapin, ministre des Finances, y commente les chiffres de croissance au premier trimestre - 0% - tout juste publiés par l'Insee. Un résultat provisoire, mais inférieur aux prévisions de l'institut (comme de la plupart des économistes), qui attendait au pire 0,1% de croissance sur les trois premiers mois de l'année. Baisse des investissements des entreprises (- 0,5%), recul de la consommation des ménages (- 0,5%), diminution des exportations… Les moteurs de l'économie sont grippés. «Ce n'est pas grave, […] cela conforte toute la politique que nous menons», a réagi, avec un optimisme surprenant, le ministre des Finances. Le gouvernement table pour cette année sur une hausse de 1% du PIB, ce qui s'inscrit «parfaitement» dans des «objectifs raisonnables», a-t-il poursuivi.

L’optimisme de Michel Sapin s’explique-t-il par le caractère provisoire de cette donnée statistique ? Difficile d’y croire, même si, à l’instar de l’ensemble des pays de la zone euro, les chiffres définitifs de croissance du premier trimestre 2014 ne seront publiés que dans trente mois. Ainsi va la collecte des statistiques économiques nationales. Il faut patienter plus de deux ans pour avoir une photographie nette de l’économie telle qu’elle est aujourd’hui. Impossible donc de miser sur une rapide révision qui annoncerait une bonne nouvelle