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Libération
Décryptage

Le patriotisme décret et de force

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En pleine affaire Alstom, l’exécutif a signé un texte qui étend à plus de secteurs son droit de regard sur les investissements étrangers.
Conférence de presse de Patrick Kron, PDG d'Alstom, lors de l'annonce des résultats annuels 2013-2014, à Paris le 7 mai 2014. (Photo Albert Facelly)
publié le 15 mai 2014 à 19h56

Le décret encadrant les investissements étrangers, signé mercredi, marque «la fin du laisser-faire» et la consécration du «patriotisme économique», s'est félicité hier Arnaud Montebourg, le ministre de l'Economie, plus que jamais mobilisé pour la souveraineté de la France et ses filières stratégiques. Coup de moulinet, à dix jours des élections européennes, ou vraie mesure ?

Que dit le texte ?

Ce décret «relatif aux investissements étrangers soumis à autorisation préalable» doit permettre à l’Etat de s’opposer à la prise de contrôle d’un grand nombre de fleurons nationaux. Un tel texte existait déjà. Il avait été adopté le 30 décembre 2005 par l’ex-Premier ministre Dominique de Villepin et cantonné à quelques activités, dont le nucléaire. Le nouveau décret ajoutera à la liste l’approvisionnement en électricité, gaz, hydrocarbures ou autre source énergétique, l’exploitation des réseaux et des services de transport, l’approvisionnement en eau, les communications électroniques et la protection de la santé publique.

Sa publication intervient en pleine affaire Alstom. L’initiative de son PDG, Patrick Kron, de céder à l’américain General Electric (GE) l’intégralité de sa branche énergie (des hydroliennes aux turbines à gaz) a irrité le gouvernement, qui s’emploie depuis à soutenir une solution européenne autour de l’allemand Siemens. La fragile légitimité de cet interventionnisme devrait être renforcée par ce texte, alors que le