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Libération
Récit

Total traque le gaz de schiste jusque dans une aire protégée de Patagonie

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Lors de son assemblée générale, le PDG du pétrolier français a été interpellé par des Argentins qui avaient fait le déplacement à l'invitation de l'ONG Les Amis de la Terre.
Le PDG de Total Christophe de Margerie le 13 février 2013 à Paris lors d'une conférence de presse (Photo Eric Piermont. AFP)
publié le 17 mai 2014 à 9h56

C'est une jeune femme aux yeux clairs, à la longue chevelure blonde. Ce vendredi matin, lors de l'assemblée générale de Total, à Paris, elle a interpellé en espagnol le PDG du groupe pétrolier, Christophe de Margerie. En lui posant en substance la question suivante : «Vous dites que vous êtes une entreprise responsable respectant les plus hauts standards environnementaux et sociaux au monde. Mais quelle est votre crédibilité, sachant que vous forez à la recherche de gaz de schiste dans une aire naturelle protégée?»

Carolina Garcia est argentine. Elle est ingénieure en ressources naturelles et environnement et travaille à la direction des aires naturelles protégées de la province de Neuquén, dans le nord de la Patagonie. Comme ses autres collègues experts et techniciens, elle s’était opposée à l’octroi d’un permis d’exploitation de gaz de schiste à Total dans l’aire naturelle protégée d’Auca Mahuida, une réserve andine aride abritant de nombreuses espèces rares de faune et de flore (condors, guanacos, pumas, chats sauvages...). Elle et ses collègues avaient pointé de nombreux risques pour l’environnement (fragmentation de l’habitat animal, risque de pollution des nappes phréatiques...). Las, les responsables politiques locaux ont octroyé le permis, Total a foré le puits, a utilisé la fracturation hydraulique.... Et Carolina et ses collègues ont non seulement été désavoués par leur directeur, mais, pire, un processus administratif avec possibilité de sanction pour faut