Panier de crabes, vendredi, à la barre du tribunal correctionnelle de Paris. Il y était question de l’espionnage, en 2011, de l’ex-PDG d’Areva Anne Lauvergeon (1), voire de son époux, Olivier Fric, commandité par un dirigeant de l’entreprise, Sébastien de Montessus, à un détective privé basé en Suisse, Mario Brero. L’affaire est désormais connue, mais sa traduction judiciaire vire au pataquès. Le parquet de Paris ne poursuit que Brero, délégué aux basses œuvres, mais pas son commanditaire, Montessus. La partie civile, en la personne de Fric, fait l’inverse : haro sur Montessus, après avoir renoncé à sa plainte initiale contre Brero. Eternel débat à propos de l’espionnage, pardon, de «l’intelligence économique» : qui, du client ou du prestataire, pousse au vice ?
Commençons par Brero. Il a recensé les appels, les comptes bancaires et d'éventuels casiers judiciaires d'Olivier Fric, en Suisse ou ailleurs. Physique de rugbyman, droit dans ses bottes, il confesse tout juste que, s'agissant d'une affaire à 2,5 milliards d'euros (prix de l'achat d'une mine d'uranium par Areva en 2007, qui en vaut presque zéro aujourd'hui), on peut se «permettre quelques petits écarts» pour vérifier s'il n'y a pas anguille sous roche. Le parquet tousse un peu : «C'est quand même un problème.» Le plaignant s'étouffe : «La mission implique nécessairement le recours à des moyens illégaux, d'où le recours à un prestataire suisse inconnu d'Areva [Mario Brero, ndlr] dont l'interventio