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Libération
Récit

Les Suisses s’assoient sur le Smic

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Les électeurs helvètes ont rejeté hier l’instauration d’un salaire minimum qui aurait été le plus élevé du monde.
Un homme vote à Bulle, dans l'Ouest de la Suisse le 18 mai 2014. (Photo Fabrice Coffrini. AFP)
publié le 18 mai 2014 à 19h56

Où, ailleurs qu’en Suisse, réussirait-on à coaliser les trois quarts de la population pour s’opposer à un salaire minimum ? C’est ce qui s’est passé hier dans la Confédération. Avec 76,3% de non, l’initiative des syndicats USS (Union syndicale suisse) et Unia, soutenue par la gauche et les Verts, a été balayée. A 4 000 francs par mois (3 274 euros), ce Smic aurait été le plus élevé au monde. Mais il n’a jamais eu la moindre chance de voir le jour.

Dès le début de la campagne, le patronat et la droite (du centre à la populiste UDC, première formation du pays) ont fait feu de tout bois pour s’opposer au projet. Affiches spectaculaires placardées un peu partout promettant une apocalypse économique, le chômage de masse, et la fin de l’exception suisse ; diatribes sur l’insupportable ingérence de l’Etat dans les affaires de l’économie… Ce déluge d’avertissements a su convaincre un public bien plus large que celui de la droite d’affaires traditionnelle.

Les Suisses ont voté, comme souvent, en pragmatiques, convaincus que leur exceptionnel bien-être ne saurait être remis en cause par une législation de trop. «J'ai voté non, explique Guillaume, étudiant en économie, parce que ça aurait été la mort de toutes les petites entreprises. Toutes ne sont en effet pas capables d'offrir 22 francs de l'heure [18 euros] pour n'importe quel boulot. Et puis ce n'est pas à Berne de régler ce genre de choses.»

Repoussoir. Articulé de façon aussi