Il ne faut pas s'y tromper : «La Banque centrale européenne s'inquiète de la force de l'euro, mais pour des raisons fondamentalement différentes de celles des industriels et des politiques français», souligne un proche de l'Institut d'émission de Francfort. De fait, si la BCE a récemment joint sa voix aux critiques hexagonales, c'est parce que le niveau de la monnaie unique fait peser des risques sur la reprise dans la zone euro, et non pas parce qu'il serait trop fort en lui-même.
Comme l'a souligné le 8 mai Mario Draghi, le président de la BCE, «l'appréciation de l'euro dans un contexte de faible inflation est une préoccupation majeure» et le conseil des gouverneurs est «unanime» (entendez : la Bundesbank est d'accord) pour «ne pas se résigner» à le supporter longtemps. Draghi a annoncé qu'il agirait lors de la prochaine réunion de la BCE, le 5 juin, ce qui a déjà eu pour vertu de ramener l'euro à moins de 1,37 dollar, après avoir frôlé les 1,40 il y a quinze jours. L'idée serait de le ramener à 1,30 dollar (son niveau de mai 2013), voire à 1,25, un «objectif ambitieux», selon Laurence Boone, chef économiste chez Bank of America-Merrill Lynch. De fait, en cinq ans, il n'est descendu à 1,23 dollar qu'en juillet 2012, en pleine crise des dettes souveraines…
Matelas. La BCE s'inquiète depuis plusieurs mois de la trop faible inflation dans la zone euro : loin de l'objectif de 2%, elle n'a atteint