«On a le choix : sortir de l'euro ou mourir à petit feu.» Venant d'un homme qui a «voté oui à Maastricht, oui au Traité constitutionnel», chroniqueur économique à France Inter et membre du conseil général de la Banque de France, cet appel a fait grand bruit le mois dernier. C'était le mea culpa de Bernard Maris, lancé dans Charlie Hebdo, sous le titre «Je vire ma cuti». Pour lui, «l'euro fort a détruit l'industrie française», il est urgent d'abandonner la monnaie unique, pour revenir au Système monétaire européen (SME), c'est-à-dire «une monnaie commune, définie par un panier de monnaies nationales» fluctuantes.
Ce faisant, Maris, keynésien bon teint, a rejoint la petite troupe d’économistes de gauche plus radicaux qui appellent depuis des années à la dissolution de l’euro. Parmi ceux qu’on cite le plus en France : Frédéric Lordon, directeur de recherches au CNRS, Jacques Mazier, professeur à l’université Paris-XIII, ou Jacques Sapir, directeur d’études à l’EHESS.
Avec une petite minorité des Economistes atterrés, ils soutiennent que l'euro n'est pas réformable de l'intérieur, qu'il est trop vicié et laisse la part belle aux marchés financiers. Pour eux, «une monnaie unique n'a pas d'avenir dans un espace dont les pays ont de tels différentiels de gains de productivité, de gains salariaux et donc de compétitivité, sauf si le budget européen était multiplié par trois ou quatre et s'il était utilisé pour "faire du rattrapage" (des