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Libération

Quand Thomas Piketty fait tourner la tête des économistes américains

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publié le 26 mai 2014 à 18h06

Avant, quand je mentionnais, à mes collègues économistes américains, le nom de Thomas Piketty, mon ancien directeur de thèse, j'avais souvent droit à un silence poli. En effet, seuls les spécialistes de son domaine de recherche avaient entendu parler de lui. Tout a changé depuis la publication du volume Capital in The Twenty-First Century (1), devenu numéro 1 des ventes sur Amazon.com aux Etats-Unis, le livre dont tout le monde parle de ce côté de l'Atlantique.

Ça a commencé avec une de mes collègues qui me dit d'un air excité : «Tu as vu, tu es citée ! - Où ça ? Dis-je. - Dans le livre de Thomas Piketty, pardi !» Et oui, en effet, merci Thomas de m'avoir inclue dans les remerciements.

Je ne savais pas que mes collègues lisaient son livre, et poussaient même le zèle jusqu'à lire les remerciements ! Chaque confrère y trouve quelque chose à critiquer. Ainsi, un de mes collègues me fait remarquer que les travaux de Thomas Piketty sur l'ampleur des inégalités de revenus sont critiqués par un auteur tout à fait sérieux. Il souligne néanmoins qu'il est d'accord avec l'idée d'augmenter les impôts sur le capital. Un autre collègue, un théoricien, me dit que le livre de Thomas est «pas mal» mais qu'un certain article de pure théorie, que Thomas à écrit il y a déjà longtemps, constitue sa plus grande contribution. Néanmoins, ce collègue théoricien collectionne soigneusement toutes les critiques du livre de Thomas. Le point culminant, apothéose comique et absur