Si le gouvernement ne tient pas ses objectifs de réduction du déficit budgétaire de l'Etat, c'est parce qu'il aurait une fâcheuse tendance à surestimer le rendement des impôts. Bien réel en 2013, le recul du déficit de l'Etat (- 12,28 milliards par rapport à 2012) a été plus faible que prévu, en raison d'une hausse des rentrées fiscales moitié moindre que ce qui était programmé. Une prévision imprudente, et même «insincère», pointe la Cour des comptes, qui jette un pavé dans la mare budgétaire de Bercy à l'occasion de son rapport sur l'exécution budgétaire 2013, publié hier. Et la probabilité que ce qui s'est passé en 2013 se reproduise en 2014 est «grande», estime la cour. Autrement dit, elle met en garde le gouvernement contre un nouveau dérapage de la trajectoire budgétaire en 2014, à quelques jours de la publication des «recommandations» de Bruxelles, pays par pays, le 2 juin. Cela ne pouvait pas plus mal tomber.
Certes, la vigie des comptes publics prend acte dans son rapport d'une dépense publique «maîtrisée». Mais elle est très sévère sur les recettes, «largement inférieures à celles attendues», et dans des proportions «jamais vues», comme s'en inquiètent ses plus hauts magistrats. Alors que les prélèvements obligatoires, à nouveau alourdis en 2013, devaient rapporter 28,3 milliards supplémentaires l'an dernier, l'augmentation n'a été, au final, que de 13,7 milliards, soit un décalage de 14,6 milliards.