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Libération
Reportage

Seita : les irréductibles Gauloises

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Les salariés du site de Carquefou ont relâché les cinq cadres séquestrés mais restent en grève.
A l'usine Seita de Carquefou, le 29 mai 2014. (Photo Jean-François Monier. AFP)
publié le 29 mai 2014 à 19h46

Après 24 heures de rétention dans un bureau sous bonne garde syndicale, les cinq cadres de l’usine Seita de Carquefou (Loire-Atlantique) sont sortis hier, en début d’après-midi, marchant tranquillement jusqu’à leur maison de fonction, à quelques mètres de là, dans le périmètre du site. A 13 heures, dans les cendres volantes de palettes en feu, le piquet de grève avait voté à mains levées leur «libération», face à l’injonction judiciaire. L’effectif sur place, une trentaine de salariés mobilisés, ne permettait pas, de toute façon, de résister à la force publique.

«Si les CRS venaient nous dégager, on perdrait tout. Là, on perd cinq personnes qui ne valent rien…» lâche un ouvrier. «On ne peut pas être des hors-la-loi, c'est eux, les voyous !» tempête un de ses collègues. Les 327 salariés de Carquefou ont appris le 15 avril la fermeture de leur usine et la disparition de leur emploi. Ils paieront le plus lourd tribut du plan de restructuration (366 postes supprimés au total) annoncé par Imperial Tobacco, le britannique qui a racheté la Seita en 2008. Et ne cesse depuis de fermer des sites. On fume moins en France, comme dans la plupart des pays développés.

Après Metz et Strasbourg, Carquefou est le dernier site sur la liste. Cerné par des journalistes, le négociateur de la direction fait piteusement marche arrière, sans avoir lâché un mot. «C'est à l'image du reste : ils ne veulent pas de dialogue», grince un ouvrier. Alors les salariés en lutte gardent