Hambourg, la très fortunée cité du nord de l'Allemagne, est en train d'équiper son centre-ville d'un nouveau modèle de poubelles de rue : le «BigBelly». Equipé d'un panneau solaire, il broie les détritus et prévient par mail les services urbains lorsqu'il est temps de le vider. Testées depuis 2011, ces poubelles high-tech ont convaincu les autorités : «Avec ce modèle, nous économisons sur les frais de transports et les coûts de transformation des déchets.» Mais l'opposition et les sans-abri ne décolèrent pas. Car le BigBelly, s'il ne laisse pas s'échapper les mauvaises odeurs, ne permet plus non plus la fouille à la recherche de nourriture ou, plus lucratif, de bouteilles usagées : en Allemagne, les Verts et les sociaux-démocrates avaient réintroduit sous le gouvernement Schröder les consignes sur les bouteilles vides, en verre ou en plastique.
De l'époque Schröder datent également les réformes libérales, rendues responsables de l'apparition d'une nouvelle classe de pauvres vivant de l'allocation chômage Hartz IV. Ainsi, la collecte des bouteilles vides, consignées 8, 15 ou 25 centimes l'unité, est pour certains devenue une source de revenus vitale. Le centre des grandes villes fréquentées par les touristes est, à cet égard, attrayant : nombre d'entre eux ignorent que leur bouteille vide vaut un quart d'euro au supermarché. Dans les gares et les aéroports, les plus démunis se sont réparti les poubelles les plus remplies… «La municipalité veut chasser du centre-vi