Entre les grandes cuves en inox de la salle de brassage, la chaleur est étouffante, sucrée. Là, l’eau est mélangée au malt écrasé. 600 tonnes d’orge caramélisé arrivent chaque jour par camion dans l’immense silo attenant, qui se dresse avec son damier rouge et blanc sur la plaine d’Alsace. De ce «premier bouillon» est extrait le moût, qui sera ensuite enrichi de houblon. C’est ici, à Obernai, que Kronenbourg brasse ses bières depuis 1969.
Ils sont deux brasseurs à se relayer jour et nuit pour surveiller la recette depuis une salle de contrôle climatisée surplombant les marmites. Derrière leurs écrans, ils dirigent l’entrée et la sortie des matières, les dosages, températures, prélèvent des échantillons. Refroidi, le mélange chemine dans des pipelines jusqu’aux «tanks», 53 fermenteurs aussi grands que des immeubles. Là, il y séjourne deux semaines, avec la levure. La bière est ensuite goûtée, filtrée, mise en bouteille. Parmi tous les ingrédients, c’est la levure qui donne véritablement son identité à la bière, sa saveur. Chez Kronenbourg, elle date de 1664.
«Agile». La brasserie est née cette année-là, le 9 juin, quand Jérôme Hatt a frappé de son sceau son premier tonneau. Il est installé non loin de la cathédrale de Strasbourg, à la petite brasserie du Canon. L'entreprise restera aux mains de la famille durant huit générations. Entre-temps, elle déménage en périphérie de la ville, à Cronenbourg, et prend le nom du quartier.
Après-guerre, J