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Libération

L’authentique entrepreneur innovant est l’Etat

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publié le 9 juin 2014 à 18h06

Le sens commun en sciences économiques est que le rôle de l’Etat est de pallier les échecs du marché et de sauvegarder la concurrence. L’intervention publique ne serait fondée que lorsque les agents privés sont incapables de produire un résultat satisfaisant pour tous. Mais, il est entendu que l’initiative et le dynamisme sont le fait du secteur privé et, dans la vision la plus noire, l’Etat n’est bon qu’à protéger indûment des intérêts particuliers, produire des réglementations absurdes et pénalisantes pour l’entrepreneuriat ou gaspiller des ressources qui seraient mieux employées par les firmes privées.

Ces arguments ressortent régulièrement dans les débats sur l'innovation. La promotion de l'«économie de la connaissance» a produit une vulgate pseudo-schumpétérienne qui fait de l'entrepreneur innovant le personnage central du développement économique, prenant des risques pour créer de nouveaux produits et emplois et ne demandant qu'un peu de capital-risque et d'être libéré du «fardeau réglementaire». Une idée répandue en Europe est qu'il manque, ici, cette culture de l'entrepreneuriat qui a favorisé le développement de la Silicon Valley, là-bas. Ce genre de représentation conduit à survaloriser les PME, que tout homme politique se doit de caresser dans le sens du poil (cf. le projet du candidat Hollande en 2012 : «Je ferai des PME une priorité»).

Dans un ouvrage récent (1), Mariana Mazzucato, professeure d’économie de l’innovation à l’Université du Sussex, montre à