Une fosse béante. Une immense crevasse hérissée de grues où grouillent des ouvriers jour et nuit. De là sortira dans plusieurs mois un vaste complexe hôtelier abritant un centre commercial, des appartements et des bureaux sur près de 3,5 hectares. Le groupe vietnamien Hoàng Anh Gia Lai Group a déboursé 440 millions de dollars (325 millions d’euros) pour bâtir son projet en bordure du lac Inya, dans le quartier chic et vert de la capitale économique de Birmanie, Rangoun. Ce futur ensemble est l’une des illustrations de la folle frénésie immobilière qui s’est emparée de cette ville, délaissée et déglinguée il y a peu encore par des décennies d’immobilisme et de fermeture.
«Ridicule». Rangoun a des airs de Far West. Où tout est dérégulé, où les prix flambent, où les rêves de richesse se traduisent en spéculation et expulsions. Dans le quartier des ambassades, le milliardaire birman Tay Za a fait main basse sur un terrain nu de 16 000 mètres carrés pour 110 millions de dollars. A deux blocs du port, Triple Aung Construction érige un immeuble de 12 étages sur les décombres d'une propriété décatie qui abritait des fonctionnaires. L'assistante de direction promet qu'ils seront tous relogés dans le nouveau bâtiment niché entre les 50e et 51e rues. Dans le même temps, le groupe Accor construit en joint-venture un Novotel sur Pyay Road, quand la société de Hongkong, Shangri-La, se dote de 200 nouvelles chambres à deux pas de l