Menu
Libération

De l’Egypte au Golfe, une poudrière inégalitaire

Article réservé aux abonnés
publié le 16 juin 2014 à 18h06

Depuis une semaine, tous les regards se tournent de nouveau vers l’Irak. En janvier déjà, la prise de Fallouja par les groupes rebelles de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) et l’incapacité des forces régulières à reprendre la ville, pourtant située à moins de 100 km de Bagdad, avaient démontré la fragilité du régime en place. C’est maintenant l’ensemble du nord du pays qui semble basculer. L’EIIL paraît à présent en mesure de faire la jonction avec les groupes syriens pour constituer un nouvel Etat, regroupant de larges parties de l’Irak et de la Syrie, et bousculant ainsi les frontières établies par les puissances occidentales en 1920.

Ces conflits sont souvent analysés en termes de guerre de religion (sunnites contre chiites). Mais cette grille de lecture, indispensable, ne doit pas faire oublier les tensions créées par l’inégalité extrême de la répartition des richesses dans cette région du monde - sans doute la plus inégalitaire de la planète. De nombreux observateurs ont noté que l’avènement de l’EIIL ferait planer une lourde menace sur l’Arabie saoudite et les émirats pétroliers (pourtant tout aussi sunnites que l’EIIL). Une répétition à plus grande échelle de l’annexion du Koweït par l’Irak en 1991, en quelque sorte. Sans aller jusque-là, il est bien évident que c’est l’ensemble du système politique et social de la région qui est surdéterminé et fragilisé par la concentration des ressources pétrolières sur de petits territoires sans population. Si l’on exami