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Libération
EDITORIAL

Ecartelée

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publié le 19 juin 2014 à 19h56

Un gouvernement qui a réussi sa communication, une opinion hostile, des syndicats divisés : au soir d’un neuvième jour de grève, le conflit qui a paralysé une partie du trafic SNCF laissera des traces profondes notamment à la CGT. Ce mouvement, souvent caricaturé, n’aura pourtant pas été inutile. Sous la pression, les députés ont entendu les cheminots, fait quelques concessions et amendé le projet de réforme ferroviaire. Mais la grève a surtout révélé la gravité de la crise au sein de la CGT. La confédération, agitée par des luttes internes et qui depuis des années ne cesse de perdre des adhérents, a été dépassée par une base qui ne semble plus répondre à un secrétaire général désigné par défaut il y a un an et qui avait même initialement salué le projet. L’écart, apparu à travers ce conflit, entre le terrain et la direction du syndicat illustre la crise de gouvernance en même temps que la perte d’identité d’une organisation engagée dans une compétition radicale avec SUD. Car outre l’affaiblissement de son audience, la CGT est en train de perdre une double bataille : celle de l’opinion tout d’abord et celle de la crédibilité syndicale. Devant la progression constante des syndicats réformistes, la CGT devra procéder à de multiples clarifications, notamment celles de sa ligne revendicative et son positionnement politique. Ecartelée entre une volonté d’instrumentalisation par le Front de gauche et une opposition moins frontale avec le gouvernement socialiste, la CGT est aujourd