Menu
Libération
récit

La Grèce vend tout, les Grecs vent debout

Article réservé aux abonnés
Ports de plaisance par dizaines, autoroutes au kilomètre, aéroports à gogo et services publics au kilo : sous la pression de la troïka, Athènes solde des pans entiers du pays et se met à dos la population.
Inauguration de la nouvelle ligne ferroviaire de fret au départ du port du Pirée, dont les deux tiers des terminaux sont gérés par le géant chinois Cosco, le 20 juin 2014 (Photo Louisa Gouliamaki. AFP)
publié le 19 juin 2014 à 18h26

Vendre pour alléger la dette : la Grèce, face aux innombrables exigences de ses créanciers, s’est engagée à privatiser à tout va. Mais ce programme patine, de retards en ratés, tandis qu’enfle la contestation populaire. La fronde se centre actuellement sur Thessalonique, deuxième ville du pays. En jeu : la vente de la compagnie des eaux Eyath, que le groupe français Suez était bien parti pour racheter, et celle du port, lorgné par huit investisseurs européens, asiatiques et émirati. Deux privatisations combattues par les salariés, les habitants et les élus locaux.

Vertige. Plus grave pour le gouvernement, la plus haute juridiction administrative du pays vient de mettre son veto à la cession de la compagnie des eaux d'Athènes. Dans un arrêt rendu fin mai, le Conseil d'Etat a estimé que «la transformation d'une entreprise publique en entreprise privée ayant pour objectif le profit fait peser une incertitude sur la continuité de l'offre de service public abordable et de qualité».

Cette décision a redonné le moral à Yiorgos Archontopoulos, président du syndicat des employés d'Eyath : «S'il est contraire à la Constitution de privatiser l'eau d'Athènes, pourquoi en serait-il autrement à Thessalonique ?» s'interroge-t-il. Un groupe d'élus, de citoyens et d'associations s'apprête donc à saisir le Conseil d'Etat. Parmi eux, Soste to nero («sauvez l'eau»). Bravant l'interdiction du ministère de l'Intérieur, cette coalition a tenu u