Alexandre Delaigue, professeur d'économie à Saint-Cyr Coëtquidan, est coanimateur du blog Econoclaste.
Que raconte ce nouvel épisode du feuilleton industriel made in France ?
La politique industrielle française telle qu'elle se pratique est le résultat de deux traumatismes. La liquidation de Pechiney après son rachat par le canadien Alcan et le fameux «l'Etat ne peut pas tout» de Lionel Jospin au moment des licenciements chez Michelin. Nicolas Sarkozy a apporté une réponse à ces traumatismes quand il est devenu ministre de l'Economie : transformer la politique industrielle en reality show. Le spectacle est bien rodé : ministre (ou président) visitant une usine, portant une blouse blanche ou un casque de chantier, déclarations tonitruantes, politique présentée comme un combat permanent, de préférence contre les étrangers - toujours soupçonnés d'intentions malveillantes - et adoption du rythme des médias. Il doit tous les jours se passer quelque chose. On est dans la continuité de cette tendance. Bien entendu, cette communication ne change pas la réalité sous-jacente : un Etat qui n'a pas les moyens de ses ambitions, un brancardier de secteurs en déclin, une baisse inexorable de l'emploi industriel en France, comme partout dans le monde.
Le ministre de l’Economie évoque une «alliance entre égaux» bien loin du «rachat-absorption-dévoration» envisagé au départ par l’américain General Electric (GE). Storytelling ou réalité ?
La capitalisation boursière de GE s'élève à 200 milliards d'euros. Celle d'Alstom à 8 milliards. Alliance entre égaux, vraiment ? Seconde réalité : Alstom est bel et bien démantelé. Même si le gouvernement se retrouve au bout du compte avec plus de g