Drôle d’endroit pour une première mondiale. Pour se rendre aux Shetland, l’archipel situé à l’extrême nord du Royaume-Uni, il faut prendre un ferry depuis la capitale pétrolière écossaise, Aberdeen, passer l’archipel des Orcades, voguer plusieurs heures encore. Une fois là-haut, plein ouest à travers l’Atlantique, c’est la pointe sud du Groenland. A l’est, Bergen, en Norvège. Ce jour-là, pas un nuage ni un souffle de vent dans ces îles habituées aux tempêtes. D’ailleurs, l’éolienne la plus productive du monde, surnommée Betsy, est toute proche. Son facteur de charge (le rapport entre l’énergie effectivement produite et la puissance de l’appareil) est de 59% - à comparer aux 24% en moyenne en France !
Sur la jetée du minuscule port de Cullivoe, un tuyau, protégé d’un épais manteau métallique, sort de l’eau et disparaît dans une guérite. Il transporte, sur un kilomètre, le courant généré par une petite hydrolienne, ces éoliennes sous-marines actionnées par les courants marins, dont on voit distinctement les remous dans le bras de mer tout proche. L’appareil, fixé à 30 mètres de fond il y a quelques semaines, n’est pas très puissant, 30 kW seulement. On est loin des puissantes turbines de 1 mW ou plus testées dans l’archipel voisin des Orcades, au sein de l’Emec, le plus grand laboratoire in situ de test de machines d’énergies marines au monde.
La singularité du projet, c'est que l'hydrolienne est détenue de façon collective par les habitants du village voisin de Cullivoe. «N