Sauvé de la faillite en 2003, Alstom tombe à nouveau dans le rouge dix ans plus tard. La faute à des erreurs d’appréciation sur la crise qui se prolonge en Europe et à un lourd endettement. Le rachat à Areva, au prix fort, de la moitié de l’activité «transmission et distribution» que le même Alstom lui avait vendu quelques années plus tôt pour une bouchée de pain, pèse dans les comptes. L’ex-champion industriel français dans des filières d’«excellence» (le nucléaire, l’éolien en mer, l’hydroélectricité, le tramway…) est à la peine. Et, avec lui, l’Etat, semble tétanisé à l’idée d’une nouvelle bérézina pour l’industriel.
Quels étaient les blocages ?
Le 24 avril, Bloomberg lâche une petite bombe : Alstom s’automutile et vend à l’américain General Electric sa branche énergie (soit plus de 70% de son chiffre d’affaires). Préparé dans le secret, le deal a été finalisé la veille au siège de l’américain, dans le Connecticut. Deux équipes réduites, conduites par Patrick Kron, le patron d’Alstom et Jeff Immelt, son homologue à la tête de GE, ont trouvé un point d’accord en moins de vingt-quatre heures. Des technologies sensibles, notamment les turbines à vapeur Arabelle qui équipent les nouvelles centrales EPR, des métiers de la transition énergétique promis à un bel avenir (comme l’éolien offshore ou les réseaux intelligents) et des brevets partent aux Etats-Unis. Patrick Kron ne démord pas de cette solution qui sauve, dit-il, son groupe grâce à s