Laurent Berger est secrétaire général de la CFDT (Confédération française démocratique du travail). Il revient, pour Libération, sur l'offensive du patronat, dont il juge les «menaces sans objet».
Que pensez-vous de la menace de boycott de la conférence sociale brandie par le patron du Medef, Pierre Gattaz ?
Je trouve déplorable de menacer de boycotter au moment où les représentants des salariés, les représentants des entreprises, l’Etat et les collectivités territoriales peuvent essayer de construire des réponses à la situation économique et sociale très préoccupante. C’est hors de propos et injustifiable.
L’exigence du report du compte de pénibilité est-il un argument valable ?
Non, des revendications, des mécontentements, nous en avons tous. Ce n’est pas une raison pour boycotter une occasion de chercher des solutions ensemble. Il faut que le patronat arrête. Le «pacte de responsabilité» vise justement à redonner des marges aux entreprises pour leur permettre d’investir et de créer de l’emploi. Le patronat doit donc arrêter ces menaces sans objet.
Que répondez-vous aux huit organisations patronales qui fustigent la mise en œuvre trop lente du pacte ?
La discussion a lieu en ce moment au Parlement. Si ça ne va pas assez vite, c’est peut-être la faute du gouvernement, mais c’est aussi de la responsabilité des organisations patronales. Le 5 mars, nous avons signé un relevé de conclusions qui prévoyait des discussions dans les branches sur l’embauche de jeunes, l’investissement, les classifications… Les réunions pour tenir ces engagements débutent juste ! Les patrons ne parlent pas de leur propre responsabilité en termes de créations d’emplois et d’investissement : ils sont uniquement dans la demande. Et ne font pas suffisamment confiance au dialo