Menu
Libération
Décryptage

La pauvreté, de plus en plus difficile d'en sortir

Article réservé aux abonnés
La crise a non seulement accentué les inégalités entre les riches et les plus démunis, mais elle a aussi fragilisé les personnes actives.
Avril 2009, les jeunes de Jeudi noir investissent le bâtiment, 69 rue de Sèvres. (AFP)
publié le 2 juillet 2014 à 21h37
Si l’on savait que les riches s’enrichissent et que les pauvres s’appauvrissent, on sait maintenant que les actifs sont de plus en plus frappés par la pauvreté. Dans une étude publiée le 2 juillet, l’Insee dévoile une tendance inquiétante : une fois qu’on a mis le pied dans la pauvreté, il devient de plus en plus difficile d’en sortir.

Comment les inégalités ont-elles évolué durant l’année 2011 ?

L’étude de l’Insee montre d’abord que la pauvreté n’a pas cessé de progresser au sein de la société française entre 2010 et 2011. En effet, durant cette période, 14,3% des Français, soit 8,7 millions de personnes, ont connu une situation de pauvreté. Mais le plus frappant, c’est que le fossé qui sépare le niveau de vie des riches de celui des plus pauvres n’a pas cessé de s’agrandir. Pour les 10% les plus pauvres, le niveau de vie a diminué de 0,8%, tandis que celui des 10% les plus riches a augmenté de 2,1%. En gros, les premiers touchent plus de 3 121 euros net par mois et les seconds touchent moins de 978 euros par mois. Malgré le système de redistribution français, l’Insee note que l’augmentation de la pauvreté est continue depuis 2008, soit depuis le début de la crise.

La pauvreté frappe-t-elle les mêmes catégories de personnes qu’auparavant ?

Comme souvent, ce sont les mêmes catégories qui sont touchées : les chômeurs, les personnes sans emploi et les personnes âgées. Nouveauté : la paupérisation significative de la catégorie des salariés. Les personnes actives ont été «très touchées», et d’ailleurs plus que dans les autres pays. Toute catégorie socioprofessionnelle confondue, plus l’état de pauvreté dure, plus il est difficile d’en voir la fin. «30 % des personnes qui tombent dans la pauvreté y restent au moins trois ans», indique l’Insee. Et la tendance devrait perdurer.

Quelles régions sont les plus frappées par la paupérisation ?

L'étude dresse également une sorte de géographie de la pauvreté. Le Nord-Pas-de-Calais, le Languedoc-Roussillon et la Corse sont les régions dans lesquelles les taux de pauvreté sont les plus élevés tandis que les régions Bretagne et Pays-de-la Loire sont les plus épargnées. Pourtant, les statistiques régionales cachent de fortes disparités. En Ile-de-France par exemple, les Hauts-de-Seine et Paris comprennent les plus hauts niveaux de vie alors que «la Seine-Saint-Denis présente, elle, un niveau de vie médian parmi les plus bas des départements français et le taux de pauvreté le plus élevé (24,8%)».

Quels sont les individus les mieux protégés du risque de pauvreté ?

Certains critères, comme le niveau d'étude élevé, l'âge, la vie en couple ou encore la naissance d'