Et si on arrêtait de pêcher des poissons pour nourrir ceux qu’on élève ? A l’heure du développement de l’aquaculture et de la raréfaction des ressources halieutiques, la réponse à cette question devient urgente. Depuis une vingtaine d’années, le laboratoire Numéa (nutrition, métabolisme, aquaculture), installé au sein de l’Inra à Saint-Pée-sur-Nivelle (Pyrénées-Atlantiques), étudie les moyens de faire baisser la part de protéines de poissons dans l’alimentation de leurs congénères d’élevage, comme la truite, le saumon, le bar, la dorade ou le turbot. Pour se développer, ces espèces qui vivent en eaux froides ont de gros besoins nutritionnels.
Aux débuts de l'aquaculture, les choses étaient simples, comme le raconte la biologiste Françoise Médale, ancienne directrice de Numéa : «Les poissons étaient d'abord élevés avec les déchets des bateaux de pêche et les piscicultures installées près des ports. Mais on s'est vite rendu compte que les arrivages étaient aléatoires. On a donc commencé à utiliser des aliments composés à partir de farines et d'huile de poissons.» Puis avec le développement de l'aquaculture au niveau mondial et la pression sur la ressource, les chercheurs ont commencé à étudier, dans les années 80, la possibilité d'introduire des végétaux dans l'alimentation des poissons d'élevage. «Un programme européen de recherches a été lancé avec des financements importants», se souvient Françoise Médale. Les résultats ont suivi.
«En 1998, les aliments