Elle vient vous chercher elle-même à l'accueil. Elle prépare votre expresso, en parfaite hôtesse, après avoir changé l'eau parce qu'«elle est d'hier». Disponible, souriante, elle porte une robe sage, couleur rose grège, à petites agrafes négligemment détachées. Clara Gaymard arbore les mêmes hauts talons que lorsqu'elle descendait les marches de l'Elysée, surplombée par la stature de Jeff Immelt, le PDG de General Electric (GE), son patron.«Je ne sais pas marcher en talons plats», explique-t-elle. Ses tenues, choisies par l'une de ses filles, du Perfecto aux robes acidulées, ont fait réagir. Cette effervescence l'a «amusée». Mais cela glisse sur elle, comme ses pas sur la moquette.
Les Français l'ont découverte sur les plateaux télé. En avocate de GE, dont elle est la présidente pour la France, elle est venue défendre l'achat de la branche énergie d'Alstom par l'américain avec des accents gaulois déconcertants. A travers GE, insiste-t-elle : «C'est l'emploi et mon pays que je défends.» L'américain a gagné, au détriment de l'allemand Siemens. Clara Gaymard, modestie en bandoulière, ne revendique pas le rôle-titre : «C'est Jeff Immelt qui a conduit le deal. Moi, j'ai travaillé, étroitement, avec les pouvoirs publics.»
On est venu pour tenter de décrypter cette femme paradoxe, mère de neuf enfants, fille du professeur Jérôme Lejeune, génial découvreur de la trisomie et pourfendeur ultraréac du droit à l'avortement. Le mari de Clara, He