C'est l'histoire d'un renoncement sémantique. Depuis sa victoire, en mai 2012, la gauche traîne comme un boulet la fameuse phrase de François Hollande sur le «monde de la finance» qui est son «véritable adversaire». Prononcée le 22 janvier 2012 lors du discours du Bourget, elle avait transformé le candidat socialiste, du modéré qu'il était, en un chantre de la gauche dure. Mais l'exercice du pouvoir a rendu caduque cette promesse : le monde financier n'a pas été mal traité sous ce quinquennat. Et le Président, comme le gouvernement, doit tant bien que mal se justifier. Lors de l'interview du 14 juillet, Hollande s'est ainsi vu demander si la finance reste ou non son «ennemie» depuis l'arrivée à l'Elysée d'une nouvelle conseillère économique venant de Bank of America. Le chef de l'Etat n'a pas répondu directement à la question, assurant que sa nouvelle conseillère avait «le sens de l'intérêt général».
Une semaine auparavant, Michel Sapin avait été beaucoup plus direct. Lors des rencontres d'Aix-en-Provence, le ministre des Finances avait affirmé que «la finance» était maintenant «son amie», brisant de fait un tabou. Retour sur les contorsions langagières qui ont précédé cette déclaration.
«Reprendre la main sur la finance»
Pierre Moscovici décembre 2012
Il ne faut pas attendre plus de six mois pour voir pointer les premières critiques sur le déphasage entre les promesses du Bourget et les actes. Le candidat Hollande s'était engagé à séparer les activités de crédit des banques de leurs