Total est pris dans l'engrenage d'un arbitrage qui pourrait lui coûter quelques milliards d'euros d'ici à 2015. L'épée de Damoclès fut initialement brandie par André Guelfi, avant que ses alliés russes ne prennent le relais. L'affaire, qui remonte à 1992, est typique du fonctionnement de «Dédé la sardine», à tu et à toi avec les dirigeants soviétiques. «Quel que soit le président - Gorbatchev, Eltsine ou Poutine -, les portes me sont toujours ouvertes, je peux tout obtenir», fanfaronne-t-il. Autre atout dans son jeu d'intermédiaire, le relevé secret des zones pétrolifères de l'ex-URSS : «Ça m'a coûté cher car il fallait embrasser le géologue en chef sur la bouche.»
«Feu vert». Elf (absorbé depuis par Total) n'avait nullement besoin, à l'époque, de son intermédiation pour forer en Russie, l'accord ayant été parrainé en haut lieu, lors d'un sommet Mitterrand-Gorbatchev. Ne manquait plus que l'accord de deux soviets locaux, Saratov et Volgograd, qui faisaient mine de regimber. Guelfi écrit alors à Elf : «Mes amis ne sont pas pressés. Quand vous aurez décidé de me donner le feu vert, je réglerai le problème.» D'où une nouvelle rasade de commissions baladeuses.
En 1993, la nouvelle direction d’Elf, effarée par le montant des rétributions, met brutalement un terme au deal. Depuis, Guelfi n’a de cesse de réclamer ses commissions envolées, en tandem avec le Comité olympique russe (KOR). L’institution mettait également so