Avant qu'André Guelfi, 95 ans, ne perde patience, Bernard Tapie, 71 ans, s'est finalement décidé à lui verser, il y a deux ans, 4,5 millions d'euros en Suisse, pour solde de tout compte. Une histoire dans l'histoire, en marge de l'affaire Crédit lyonnais-Adidas, pour laquelle les enquêteurs en charge du dossier se sont récemment pris de passion, jusqu'à auditionner Guelfi en mars. Audition dont Libération a eu connaissance, et qui en dit long sur les relations qu'entretiennent les deux hommes. «[Tapie] est un salopard qui m'a menti, m'a trahi, m'a fait croire», vitupérait ainsi Guelfi lors de cette audition.
La genèse de leur baroque partenariat est bien connue. Les deux loustics se croisent en 1997 à la prison de la Santé. André Guelfi souffre dans ses souliers vernis, Tapie lui donne ses baskets. Le premier, en tenue de ville, n'avait manifestement pas anticipé son incarcération (1). Le second si, habillé sportswear. Jamais une paire de pompes n'aura autant rapporté. Dès leurs remises en liberté, Guelfi couvre Tapie de ses bienfaits : un salaire mensuel de 50 000 francs (plus de 7 500 euros) versé par l'une de ses sociétés offshore - plus 50 000 autres «en espèces» -, un prêt de 9 millions de francs pour l'achat d'une résidence secondaire, le «moulin du Breuil», et presque autant pour les travaux. «Par rapport à ce que je lui ai rapporté, c'était rien du tout, affirme Bernard Tapie dans sa dernière audition. Je lui ai permis de signer