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Libération

A Paris, Maggi n’opère plus

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Plusieurs magasins ont été saccagés dans la capitale. En cause, des rumeurs accusant la marque d’espionnage pour le compte de l’Allemagne.
publié le 3 août 2014 à 18h06

Depuis l'affichage, il y a trois jours, de l'ordre de mobilisation, nombre de boutiques parisiennes sont saccagées. Les cibles, des enseignes considérées comme allemandes : la brasserie Muller, la maroquinerie Klein, la cristallerie de Carlsbad, la taverne Pschorr, le chausseur Salamander… La Société laitière Maggi est particulièrement visée. Les devantures de plusieurs de ses succursales ont été attaquées dans la capitale. Son dépôt de la rue Richer a été mis à sac. Vers 16 heures, des cris hostiles à l'Allemagne ont été poussés devant son laboratoire, à l'angle des rues Condorcet et Rochechouart. Dans la soirée, des individus ont pris d'assaut le rez-de-chaussée sous les yeux de gardiens impuissants. Ils ont fait un feu de joie des fauteuils jetés dans la rue. Même scène de déprédations au 81, rue de Maubeuge, où le matériel d'un dépôt Maggi a fini en cendres. A Neuilly, rue Bayen, on avait jeté sur la chaussée une grande cuve d'un magasin Maggi, et une quarantaine de jeunes gens tapaient dessus avec toutes sortes d'instruments sous les bravos de la foule. Nous vîmes des badauds désigner du doigt des boutiques : «Les boîtes de bouillon K… sont du poison livré par l'Allemagne !»

Ces déchaînements ont conduit à la fermeture de nombreux magasins. Dans le faubourg Saint-Antoine, rue de Charonne, rue des Boulets, rue de la Roquette, boulevard Beaumarchais… Partout, sur les volets de fer, on peut lire, par précaution, l'inscription «maison française». Les négoci