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Interview

L'Afrique «au cœur d'un post-colonialisme qui ne dit pas son nom»

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A l'issue du sommet États-Unis- Afrique, Yves Ekoué Amaïzo, consultant international et économiste, décrypte les relations commerciales des pays africains avec les États-Unis et l'Union européenne.
Les employés de la mine de platine du Marikana, en Afrique du Sud, retournent au travail après une grève de cinq mois, le 25 juin dernier. (Phoyo Mujahid Safodien. AFP )
publié le 6 août 2014 à 20h08
(mis à jour le 6 août 2014 à 23h56)

Après trois jours de rencontres, le premier sommet États-Unis- Afrique se termine, ce mercredi, par une réunion des dirigeants africains et du président américain Barack Obama. L'avenir de l'Afrique et l'investissement sont à l'ordre du jour des débats. Yves Ekoué Amaïzo, économiste togolais et animateur du think tank indépendant Afrocentricity revient sur les questions soulevées par cet événement.

Le sommet a-t-il été à la hauteur des enjeux africains?

On ne peut qu’être dubitatif. Certes, c’est un grand événement, mais cela n’a rien de comparable avec les échanges que le continent entretient avec la Chine ou le Japon. À Washington, Obama a fait du business, au sens américain du terme, en organisant des rencontres avec des hommes d’affaires sur les secteurs cibles de l’énergie et de la construction. Les États africains sont tombés collectivement dans le piège, alors qu’ils plaident eux-mêmes depuis des années pour un traitement d’égal à égal.

Une mauvaise idée?

Cela conforte la logique de la «smart diplomacy» qui lie l’aide au développement (en baisse) à la promotion du commerce, soit un retour sur investissement. Les États-Unis l’applique déjà pour l’aide bilatérale, tout comme la Banque mondiale. En Afrique, personne n’ose attaquer cela. Seul le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi s’est permis de décliner l’invitation des États-Unis, car il dispose d’un contre pouvoir solide avec l’Arabie Saoudite.

Les ONG ont aussi pointé du doigt l’absence de la société civile...

Par définition, la société civile n’a pas d’argent, donc elle n’a pas été invitée! Même chose d’ailleurs pour les pays les plus pa