Selon Gérard Cornilleau, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), la libéralisation des professions n'entraînera pas une «création nette de richesse, comme on le promet partout».
D’un point de vue économique, les professions réglementées sont-elles vraiment en situation de monopole ?
Oui, ce sont bien des monopoles : un certain nombre de services rendus par ces professions sont obligatoires. Pour un héritage, une succession, on doit forcément passer par un notaire et il y a un tarif unique, fixé par l’Etat. Toutes les conditions du monopole sont réunies. C’est un espace où le marché n’est pas libre. Mais est-ce qu’il y a des rentes derrière ? Pas forcément.
Faut-il ouvrir à la concurrence, déréglementer toutes ces professions ?
Cela n’a aucun sens de prétendre qu’on va ouvrir toutes ces professions à la concurrence. Dans le cas de la médecine, cela entraînerait des risques considérables pour la santé publique. Il faut se méfier du raisonnement qui revient à dire que «le marché peut tout». On l’a appliqué au marché financier dans les années 80 et ça nous a conduits à la crise financière que l’on connaît. Les problématiques ne sont pas les mêmes pour les professions juridiques et médicales. Il faut réfléchir au cas par cas, service rendu par service rendu. Il faut aussi faire une analyse fine pour établir par quoi on remplace chacune des professions et des services concernés, comme on l’a fait avec certains actes d’huissiers qui pourraient être remplacés par des lettres recommandées électroniques.
Quels effets sur l’économie peut-on attendre d’une ouverture de ces professions à la concurrence ?
Difficile à évaluer, car l’ouverture n’entraîne pas forcément une baisse des prix. On est même dans un cas typique où