L’incivisme d’un certain patronat a quelque chose de consternant. Rappel : au moment où l’Etat court après le moindre euro, où les déficits s’accumulent, et où le pouvoir d’achat des Français stagne, le gouvernement a décidé, par le biais d’un «pacte de responsabilité» d’accorder aux entreprises des allégements de charges dont le montant doit s’élever à quelque quarante milliards. Pour les aider à améliorer leurs marges, les socialistes au pouvoir ont déconcerté leur électorat, provoqué une fronde au sein de leur majorité et achevé de ruiner leur cote de popularité. Que reçoivent-ils en échange du monde patronal ? Une gifle.
Tout en criant misère par la voix de Pierre Gattaz, pleureur appointé du capitalisme français, les grandes entreprises ont décidé d’accroître dans des proportions record le montant des dividendes qu’elles distribuent à leurs actionnaires.
Personne ne nie la légitimité d’une rémunération honorable pour les investisseurs, petits et grands, ni la nécessité de ménager les marges des entreprises.
Mais cette masse d’argent croissante qui tombe dans la poche des propriétaires - quelque 40 milliards de dollars - vient amputer d’autant l’investissement qui fait si cruellement défaut à l’économie française. Sur plusieurs années, cette répartition à courte vue grèvera la compétitivité du pays, c’est-à-dire l’emploi et la croissance. Tout se passe comme si l’intérêt à court terme des possédants devait l’emporter, quoi qu’il arrive, sur celui du pays. La finance, notre