Soutane noire, bandeau estampillé de la virgule Nike et pendentif démesuré en forme d’euro, Alessandro di Giuseppe perturbe les virées shopping des Lillois depuis presque sept ans. Premier jour des soldes, fête des mères, veille de Noël : dès que l’occasion se présente, lui et ses ouailles chantent les louanges de l’hyperconsommation, avec en guise de Notre Père, une prière provoc : «Travaille, obéis, consomme.»
A la ville, Alessandro di Giuseppe n'a rien du gourou déjanté de ses performances de rue. Sa longue chevelure grisonnante est attachée en catogan, il a troqué sa soutane contre un tee-shirt à l'imprimé enfantin et son accessoire de scène, le chariot de supermarché, contre un vélo tout-terrain. Derrière le faux suppôt du grand capital se cache en fait un vrai apôtre de l'écologie radicale et de la décroissance. «Je me revendique de "l'artivisme", un mouvement à mi-chemin entre l'art et l'activisme», explique le Lillois de 37 ans, candidat aux élections municipales dans la capitale des Flandres. Sa voix est hésitante, presque tremblante. A mille lieues du personnage exubérant qu'il incarne depuis 2007, date à laquelle le militant antipub se convertit à l'Eglise de la Très Sainte Consommation. Une fausse religion anticapitaliste qui essaime depuis 2004 à Paris, Rouen et Liège, et dont il a créé l'antenne lilloise, aujourd'hui la plus active. «On s'est rendu compte que les gens se sentaient malheureusement peu concernés par le militantisme "sérieux"», ra