Quand il s'agit de gagner les élections dans sa bonne ville de Corbeil-Essonnes, Serge Dassault sait se montrer généreux. En 2010, juste avant les municipales, l'ancien maire UMP avait financé en secret la reprise de l'usine de puces électroniques Altis, premier employeur de la ville avec 900 salariés. «Sans moi, Altis n'aurait pas été sauvé», claironnait alors l'avionneur. Mais quatre ans plus tard, l'entreprise est, selon nos informations, au bord du gouffre. Et la justice a ouvert une enquête préliminaire pour «abus de biens sociaux» visant Yazid Sabeg, l'homme lige que Dassault a chargé d'acheter l'usine à sa place.
Les derniers comptes publiés, que Libération a consultés, sont très inquiétants. Altis a perdu 46 millions d'euros en 2013 pour 74 millions de chiffre d'affaires. Les commissaires aux comptes ont même souligné les «incertitudes pesant sur la continuité d'exploitation». Et pour cause : Altis a frôlé la faillite en décembre 2013 car l'entreprise était incapable d'honorer ses engagements financiers. Selon un porte-parole, le fabricant est toutefois parvenu en juillet à un accord avec les banques, l'Etat et ses actionnaires, ce qui a permis d'éviter le dépôt de bilan.
À contrecœur. Le feuilleton est pour le moins rocambolesque. Après invalidation en 2009 pour «dons d'argent» à des électeurs de Corbeil , Dassault charge son salarié, Jean-Pierre Bechter, de se faire élire à sa place. M