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Libération
Éditorial

Éloge de la lenteur

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EcoFuturdossier
publié le 31 août 2014 à 18h06

Ralentir face à la fulgurante accélération à laquelle le turbocapitalisme numérique soumet l’humanité connectée. Retrouver le temps de vivre et de penser sa vie et son travail, nonobstant l’idéologie triomphante de l’urgence et de la performance. Résister aux stimuli permanents qui déferlent sur tous les écrans et dévorent notre attention. Défendre nos dernières poches de non-productivité face à ce

Capitalisme à l’assaut du sommeil

pointé par l’universitaire américain Jonathan Crary dans le livre du même nom… Pour le quidam pressé de travailler plus et plus vite pour ne pas gagner plus, la tentation est grande d’appuyer sur le frein en cette grise rentrée où un gouvernement élu à gauche dit précisément vouloir encore

«accélérer»

le rythme des réformes libé rales. Diffusé mardi soir sur Arte, le documentaire

l’Urgence de ralentir

de Philippe Borrel nous y invite en allant voir ces «refuzniks» qui ont décidé de redonner du temps au temps. Ces réfractaires à

«l’accélération»

caractérisée par le sociologue allemand Hartmut Rosa comme

«l’anéantissement de l’espace par le temps» ne sont pas légion. Et leurs «slow» initiatives, sur tous les fronts du travail, de l’alimentation et des modes de vie, restent disparates et sans doute vouées à la marginalité. «L’essence de la technique» chère à Heidegger aurait-elle aboli la lenteur ? Va-t-elle changer la condition humaine comme le souhaitent les transhumanistes ? On peut le craindre. Car nous vivons désor