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Interview

«Un fossé trop important pour uneéquipe isolée»

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EcoFuturdossier
A court terme, Le physicien Benjamin Huard mise sur le développement de simples «embryons» d’ordinateurs quantiques.
publié le 31 août 2014 à 18h06

Benjamin Huard, physicien, dirige l’équipe «Electronique quantique» du laboratoire Pierre-Aigrain de l’Ecole normale supérieure de Paris. Il évoque les recherches en cours sur l’ordinateur quantique, encore mal connu.

Est-on déjà parvenu à fabriquer un ordinateur quantique aujourd’hui ?

Cela dépend de la taille considérée. Personne n’a encore réussi à fabriquer d’ordinateur quantique universel, capable d’effectuer tout type d’opérations comme un ordinateur classique, ni de système pouvant résoudre un problème jusque-là impossible. Mais il existe des embryons d’ordinateurs quantiques, appelés simulateurs quantiques, qui avec un très petit nombre de bits quantiques (qbits) peuvent résoudre certains problèmes plus vite qu’un ordinateur classique. A très court terme il y aura de plus en plus de ces simulateurs dédiés à une tâche précise. Et dans trente ans, il me paraît impossible qu’un ordinateur quantique à proprement parler n’ait pas vu le jour. Car il n’y a aucun obstacle fondamental à sa réalisation.

L’américain D-Wave prétend pourtant en avoir déjà construit un…

Oui, mais leur machine n’a pas démontré ses capacités à résoudre un problème plus vite qu’un ordinateur classique. On sait juste que cette boîte noire dont l’intérieur est tenu secret n’est pas un ordinateur quantique universel. C’est un système dédié à la résolution de problèmes de minimisation, comme trouver le minimum d’une fonction, qui ferait appel au phénomène d’intrication. Mais tout ce qui a été montré jusque-là peut s’expliquer sans recours à la physique quantique.

Pourtant Google y croit assez pour avoir acheté une machine D-Wave…

Et c’est un mauvais choix… Mais ils ont l’air de croire à l’ordinateur quant