La parole est muselée chez Ryanair et les syndicats, honnis par le patron-fondateur, Michael O’Leary, n’ont pas réussi à s’y implanter officiellement. Leurs porte-parole, anonymes, y dénoncent des salaires et une protection sociale a minima. Mais comment les personnels vivent-ils leur métier ? Seule façon de recueillir des témoignages : aller au-devant des personnels. Ce que nous avons fait, en accostant les stewards, hôtesses et pilotes sur le parking de l’aéroport de Charleroi, en Belgique, à la prise ou à la fin de leur service (1).
Magda, polonaise 41 ans, 7 ans d’ancienneté
«Je ne vous dirai rien du contrat que j'ai signé. Ni le salaire ni aucune des conditions. Adressez-vous au siège. Oui, le travail est dur. Il y en a qui disent que le verre est à moitié vide et d'autres à moitié plein. Moi, je dis à moitié plein. Je me lève à 3 heures du matin [Hôtesse, cette grande femme au regard perçant, a choisi d'habiter à Bruxelles, à 65 km de là, parce que "Charleroi, c'est hideux", ndlr]. Mais voyez vous-mêmes, à 15 heures, j'ai fini ! On a presqu'une seconde vie ! Pour moi, c'est les beaux-arts. J'ai un master. J'ai plein de copains qui sont maintenant dans des compagnies plus haut de gamme, comme Emirates, British Airways… Elles viennent nous chercher chez Ryanair parce qu'on est très bien formé. On fait le job, et on travaille dur. Je serai ravie de travailler chez Air France.
«Vous, en France, vous adorez les grèves et les syndicats. Je ne critique pas, c’est votre culture. Ceux qui disent du mal de Ryanair