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Libération
EDITORIAL

Cœur

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publié le 4 septembre 2014 à 21h26

Le low-cost avec lequel la vénérable compagnie Air France semble vouloir convoler n'est pas une idée neuve. Leclerc père ou Tati inventèrent dans l'après-guerre ce modèle discount. Pour la défense du consommateur, prétendaient ses pionniers. Le même argument est servi aujourd'hui dans tous les secteurs de l'économie : les hôtels Formule 1 ou les voitures Dacia, les salons de coiffure Tchip ou les maisons Elika, la téléphonie Free ou les trains Ouigo. Comme l'écrit le professeur Emmanuel Combe, spécialiste et défenseur de ce modèle, «chaque produit est mis à nu, dépouillé de ses fonctions annexes pour n'en retenir que le cœur, c'est-à-dire la fonction essentielle, celle qui satisfait un besoin minimal». Le transport aérien reste le parfait apologue de cette transformation que chaque voyageur d'Easyjet, de Ryanair ou de Transavia (Air France) a pu expérimenter. «Le low-cost produit un homme nouveau égaré et soumis», s'amuse ainsi l'écrivain suisse Alexandre Friederich. Mais aussi un homme qui a pu aller en vacances à un coût inférieur de 30% à 40% aux compagnies régulières.

Mais, ce coût moindre pour le consommateur a un coût élevé pour le producteur, en l’occurrence les équipages pour les avions, mais aussi l’ouvrier automobile roumain ou l’employé des centres d’appel. Ces entreprises dans cette économie mondialisée s’affranchissent des règles sociales nationales. Au consommateur de s’interroger si dépenser moins aujourd’hui ne signifie pas gagner moins demai