Elle s'appelle Astrid Herbert-Ravelle. Elle a 44 ans. En 2001, elle est nommée responsable des ressources humaines au service financier de la délégation Ile-de-France de la Poste. Jeudi, elle poursuivait l'entreprise devant la 31e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris, pour harcèlement moral et discrimination. Elle lui reproche, entre autres, sa mise au placard, des missions fantômes, et des pressions pour la pousser à démissionner. Cheveux longs, robe beige et bleue, cette grande femme estime ne pas avoir eu un déroulement de carrière normal, être restée sans activité pendant des années, avoir occupé un bureau minuscule donnant sur des toilettes, ne pas avoir eu d'entretiens d'évaluation… Et avoir été victime de propos humiliants et vexatoires.
Tout a commencé par du harcèlement moral et sexuel - des faits aujourd'hui prescrits - venant d'un supérieur hiérarchique. Astrid Herbert-Ravelle décide «d'ouvrir un protocole de harcèlement moral», procédure interne censée résoudre ce type de problèmes en convoquant les parties concernées. «On m'a reproché d'avoir ouvert ce protocole, on a déclaré ce jour-là que j'étais procédurière, j'ai signé mon arrêt de mort : on m'a systématiquement mise dans des services voués à disparaître ou à des postes de "chargés de mission".» Elle raconte comment la Poste l'a renvoyée «sur le même site que [s]on harceleur» : «Il y avait toujours cette peur, cet effroi de le croiser dans le couloir