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Libération

Du coût exorbitant d’être un petit pays

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Les chroniques de Thomas Pikettydossier
publié le 8 septembre 2014 à 17h36

Il aura donc fallu des milliers de morts en Ukraine et des mois d’hésitations coupables pour que la France accepte finalement de suspendre provisoirement ses livraisons d’armes à la Russie. Tout cela pour des ventes de frégates qui rapportent à peine plus de 1 milliard d’euros, ce qui est un profit somme toute dérisoire relativement aux enjeux humains et géopolitiques, et au danger militaire réel que représentent ces livraisons stratégiques. Par comparaison, on peut rappeler par exemple que la justice américaine vient de ponctionner tranquillement plus de 6 milliards d’euros à BNP Paribas. Que n’aurait-on pas entendu si l’Etat français avait voulu faire payer une telle somme à notre première banque nationale et européenne ! Ces deux chiffres, qui n’ont a priori rien à voir l’un avec l’autre, révèlent en vérité les deux facettes d’une même pièce. Dans la nouvelle économie monde, le coût d’être un pays de petite taille devient exorbitant : on se retrouve à accepter des choses de plus en plus inacceptables et contradictoires avec nos valeurs.

Pour grappiller quelques milliards à l’exportation, on devient prêt à vendre n’importe quoi à n’importe qui. On est prêt à devenir un paradis fiscal, à faire payer moins d’impôts aux oligarques et aux multinationales qu’aux classes moyennes et populaires, à s’allier avec des émirats pétroliers peu progressistes pour récupérer quelques miettes pour nos clubs de foot. Et, à l’inverse, on subit la loi des grands pays, en l’occurrence les Etats