Au début des années 2000, cette phrase de Victor Hugo, dans Notre-Dame de Paris, revenait souvent : «Ceci tuera cela ; le livre tuera l'édifice.» La méthode Coué a consisté pendant le foudroyant essor du numérique à affirmer qu'un média ne remplace pas un autre, qu'il se superpose tout au plus. Le livre de Gutenberg, idéale osmose entre objet physique et écrin intellectuel, ne pouvait pas être atteint par la vague destructrice qui a déferlé sur l'industrie de la musique. Il ne faut pas s'attarder sur l'effondrement, estime Françoise Benhamou, professeur à Paris-XIII et spécialiste de l'économie de la culture, qui dresse un état des lieux documenté et modeste en prospective. Le grand chambardement du disque par le numérique enseigne aussi qu'une nouvelle configuration naît des ruines de l'ancienne, éliminant des acteurs mais permettant également l'émergence d'un autre monde économique et artistique. Rien ne sert de se dresser contre un raz-de-marée. «Imprévisible, tel apparaît l'avenir des industries culturelles confrontées au choc du numérique. Inévitable.»
A travers le prisme de la musique et d'une «presse à la peine», de la place croissante des géants (Apple, Google, Amazon, Facebook) se dessinent de nouveaux territoires. Les déboires de la presse démontrent aussi la rapidité de l'accoutumance du lecteur au numérique, la remise en question de la verticalité avec la montée de l'interactivité, la variété des modèles possibles… Aujourd'hui,