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Libération
Éditorial

Mon prof n’est pas un «bot»

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publié le 14 septembre 2014 à 17h06

«Un bon maître a ce souci constant : enseigner à se passer de lui»,

écrivait André Gide dans son

Journal.

Toute la mission de l’enseignant tient dans ce bel axiome. D’évidence, jamais l’élève n’apprendra à se passer de maître sans enseignement. Balayons donc d’emblée le fantasme techniciste d’un grand remplacement du professeur par les outils tutoriels et didacticiels du nouveau monde numérique. L’apprentissage de la liberté par le savoir est une chose trop sérieuse pour être confiée aux seules machines. Peu de chance de voir votre chère tête blonde rentrer un jour de l’école en déclarant :

«Mon prof est un

bot

»,

même si le petit Nao

(lire pages VI-VII)

a déjà mis un pied en classe. Ceci posé, la figure du professeur délivrant son magistère comme au temps des hussards noirs a bel et bien vécu. On ne peut plus enseigner aux

digital natives

sans faire appel à tout moment à cette formidable bibliothèque d’Alexandrie numérique qu’est le Web. Mais l’élève n’a jamais eu autant besoin du maître pour le guider dans cet infini savoir dématérialisé. Encore faut-il réconcilier le corps enseignant avec ces écrans longtemps accusés de phagocyter

«le temps de cerveau disponible»

des enfants. A cet égard, la dernière livraison de l’enquête Profetic réalisée par le ministère de l’Education nationale montre que nos profs ont encore du chemin à faire : seuls 49% d’entre eux sont convaincus de l’intérêt des nouveaux outils numériques en class